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Routledge Companion to China and the Middle East and North Africa
The Uyghur Issue in Sino-MENA Relations. The Case of Turkey
Cet ouvrage, en anglais, fournit une analyse essentielle d'une région complexe qui menace de devenir un champ de bataille pour des puissances rivales à l'avenir. Vanessa Frangville et Thierry Kellner y développent un chapitre sur la question ouïghoure dans les relations entre Chine et les pays de la région MENA en pointant le cas particulier de la Turquie.
FRANGVILLE Vanessa, KELLNER Thierry, The Uyghur Issue in Sino-MENA Relations in Routledge Companion to China and the Middle East and North Africa, Routledge, mai 2023, 490 p.
Chapter The Uyghur Issue in Sino-MENA Relations. The Case of Turkey.
Bien que les pays occidentaux et d'autres nations aient publiquement condamné Pékin à plusieurs reprises pour le traitement qu'il réserve à sa population nationale ouïghoure et à d'autres populations musulmanes, soit par des déclarations collectives à l'ONU, soit en imposant des sanctions à la Chine au niveau national, la plupart des pays de la région Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) ont salué les "réalisations remarquables" de la Chine dans le "rétablissement de la sécurité et du progrès social" dans la région ouïghoure (ou Xinjiang en chinois). En 2019 et 2020, pas moins de 46 États, dont l'Algérie, le Bahreïn, le Koweït, l'Iran, l'Irak, l'Égypte, Oman, la Palestine, l'Arabie saoudite, la Syrie, les Émirats arabes unis et le Yémen, ont signé des lettres adressées au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies pour décrier les "accusations infondées" portées contre la Chine par les 22 signataires d'une première lettre exprimant des inquiétudes quant aux violations massives des droits de l'homme dans la région ouïghoure. Cette mobilisation sans précédent des pays de la région MENA en faveur des politiques chinoises démontre l'influence croissante de la République populaire de Chine (RPC) sur le monde musulman et souligne l'approfondissement des liens politiques et économiques entre la Chine et ces pays. Ankara, en revanche, n'a signé aucune de ces lettres et a donc maintenu un ton flou et des politiques ambiguës à l'égard des milliers d'Ouïghours qui ont trouvé refuge sur son sol.
Ce chapitre présente d'abord brièvement les facteurs économiques, politiques et idéologiques qui expliquent le soutien des pays de la région MENA aux politiques de Pékin dans la région ouïghoure. Le cœur de ce chapitre contribue ensuite au débat actuel sur les relations turco-chinoises à travers le prisme de la question ouïghoure, pour montrer que la Turquie est un cas à la fois atypique et emblématique parmi les autres pays de la région MENA.
Vanessa Frangville est titulaire de la Chaire d'études chinoises au sein de la Faculté de Lettres, Traduction et Communication, directrice de EASt (centre de recherche de l'ULB sur l'Asie de l'Est) et codirectrice de la collection "Contemporary Asian Societies" chez Routledge. Ses recherches portent sur la politique culturelle et la production audiovisuelle en République populaire de Chine. Elle est également la principale coordinatrice de GENEsYs, un projet de recherche collective sur la jeunesse et les espaces publics en Asie de l'Est (2016-2022). Ses projets actuels portent sur les expressions culturelles et artistiques du traumatisme et de la nostalgie dans la diaspora ouïghoure depuis 2016. En outre, depuis janvier 2023, elle est la principale coordinatrice pour l'ULB d'un projet Horizon-Widera intitulé REMOTE XUAR (Remote Ethnography of Xinjiang Uyghur Autonomous Region. Methodology and Research Capacity Building) avec l'Université Palacky d'Olomouc (PI) et l'Université de Würzburg.
Docteur en relations internationales à l'Institut universitaire de hautes études internationales (IUHEI) de Genève, Thierry Kellner est maître de conférence au département de Science politique de l'Université Libre de Bruxelles (ULB) où il est titulaire de la "Mini-Chaire Chine" et enseigne la politique étrangère chinoise. Il est associé à plusieurs centres de recherche de l'ULB (REPI, OMAM, CECID, IEE) et au Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP, Bruxelles). Ses principaux intérêts de recherche sont liés à la politique étrangère de la Chine et de l'Iran. Il a publié de nombreuses études (livres, chapitres de livres collectifs, rapports de recherche, articles de revue, etc.) consacrées à ces sujets.
Florent Villard est professeur à l'université de Rennes (IEP) et chercheur au sein des laboratoires ARENES (CNRS) et IETT (Lyon 3).