Philippe Cominetti présentera une conférence sur le modèle somatique dans l’œuvre de l'écrivain japonais Keiichirō Hirano.
Figure majeure du paysage littéraire japonais d’aujourd’hui, Keiichirō HIRANO construit dès ses débuts (
L’Éclipse, 1998) une œuvre à l’avant-poste des problèmes contemporains, qui demeure cependant l’héritière consciente de la littérature moderne (1890-1950). Son troisième
opus,
Sōsō (
La Funèbre, 2002) se distingue comme le résultat d’une innutrition supplémentaire, celle des monstres sacrés européens du premier XXème siècle (Thomas Mann en particulier), et déploie une puissante réflexion esthétique sur le romantisme, auquel elle offre, au sens premier, un
monument.
Par-delà la présentation de ce roman à tous égards remarquable, il s’agira de questionner la façon dont, dans celui-ci, le corps entre en texte. Car
La Funèbre se situe à un point d’intersection : le modèle somatique construit par le roman japonais moderne d’une part, l’impératif de donner chair, sans anachronisme, à des personnages historiques de l’autre, et encore l’hommage appuyé à des auteurs dont Yukio MISHIMA (1925-70), qui, entendant dépasser les questions idéologiques relatives au corps naturaliste, traitent avec éclectisme cette dimension du texte.
Comparatiste et japonologue,
Philippe Cominetti a enseigné durant vingt ans au Japon. Après avoir soutenu en 2005 une thèse à l'Université Bordeaux III, L'Inspiration scientifique dans le roman post-naturaliste : du naturalisme français à la littérature japonaise du premier XXème siècle, sous la direction d'Alain Rocher, il est devenu maître de conférences à l'université Keiô gijuku à Tôkyô, jusqu'à son retour en France en 2018. En 2015, il a publié aux Belles Lettres, Où t'en vas-tu ?, volume composé de deux oeuvres traduites et commentées de l'écrivain naturaliste Masamune Hakuchô. Lettres nécromantiques est son premier roman, écrit sur de longues années, et nourri de multiples séjours à Lisbonne et à Séoul.
Crédits photos : Philippe Cominetti © Frédéric Becker & Main de Chopin © Bibliothèque nationale de France