Création d'une base de données sur les biographies des journalistes belges à partir de 1830

La composition et le rôle du groupe professionnel des journalistes, bien que souvent très critiqué et commenté par ses contemporains, ont fait l’objet de peu de travaux de recherche en Belgique. Connaître ce groupe permet pourtant de reconstituer des structures idéologiques, des mécanismes de création de savoirs et de réseaux socio-culturels (souvent proches des milieux politiques).

Il est donc essentiel d’inclure une approche prosopographique* pour permettre une étude structurelle de l’histoire du journalisme belge depuis 1830. Qui étaient les journalistes ? Pour quels médias ont-ils travaillé ? Comment leur profil change-t-il au cours des années ? Quelles évolutions peut-on discerner dans leurs trajectoires professionnelles ?  Ces questions dépassent le champ de l’histoire spécialisée. Il y a un intérêt social et culturel à connaître ce groupe professionnel qui produit le discours journalistique dans la société belge.

Une base de données innovante en Open access 

Pour poursuivre l’exploration de nouvelles manières d’envisager l’histoire du journalisme, tant du point de vue des problématisations que des méthodes, transformer le dictionnaire existant en une base de données relationnelle des journalistes et des journaux belges de 1830 à nos jours devient impérieux. Cette évolution permettra des recherches plus structurées et collectives, qui mettent en relation individus, formation intellectuelle, médias, fonctions professionnelles, engagements associatifs et politiques, etc. Elle favorisera une exploitation innovante des informations biographiques en s’appuyant sur les potentialités de l’outil numérique et en étant à la disposition de l’ensemble de la communauté universitaire de l’ULB comme des autres universités. Le projet pourrait également permettre de centraliser des initiatives isolées qui ont été menées sur le sujet ces dernières années notamment en littérature et offrir un lieu de réflexion pour repenser l’histoire du journalisme.
 
Un ensemble de données professionnelles sur près de 4000 journalistes belges, ayant vécu au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle sera donc accessible pour les chercheurs, les enseignants et les étudiants. Ce projet s’inscrit dans le cadre du projet CAMIlle (Centre d’archives sur les médias et l’information ULB-KBR) né, en mars 2020.

 

Professeure et titulaire de la Chaire de journalisme à l’Université libre de Bruxelles, Florence Le Cam s’intéresse plus particulièrement aux identités professionnelles journalistiques, à leur construction historique tout comme à leurs ajustements aux transformations contemporaines (changements des règles du marché du travail, appropriation des nouvelles technologies, transformations culturelles). Membre des centres ReSIC (ULB), et d'ARENES (Université de Rennes 1, France), Elle est co-éditrice de la revue Sur le journalisme – About journalism - Sobre jornalismo. Ses dernières publications portent sur les femmes journalistes, les violences envers les journalistes ou encore la comparaison socio-historique du journalisme en ligne. Elle co-anime également le LaPIJ (Laboratoire des pratiques et identités journalistiques) avec le professeur David Domingo ainsi que le Centre de recherche en Histoire du journalisme CAMille.

Par le biais du CDR, le FNRS est finance, pendant 2 ans, des projets de recherche de base, des activités de recherche en cours mais aussi celui de la recherche exploratoire ou encore favorise l’émergence de nouveaux thèmes de recherche et de chercheurs.


_{* La prosopographie est une science de l'histoire dont l'objectif était d'étudier les biographies des membres d'une catégorie spécifique de la société, le plus souvent des élites sociales ou politiques, en particulier leurs origines, leurs liens de parenté, leur appartenance à des cercles de conditionnement ou de décision.}